Qui n’a jamais souhaité « débrancher » le cerveau, mettre fin à ce défilé de pensées incessant…
D’ailleurs cette expression « débrancher » est assez exacte puisqu’une pensée n’est ni plus ni moins qu’une impulsion électrique qui se déplace du lobe occipital jusqu’au sacrum à travers la moelle épinière.
Le SRA, filtre de nos pensées
Le flot de pensée est continuel. Nous sommes en contact avec plus de cinq millions d’informations par jour et notre Système Réticulé Activateur (SRA), un système très puissant de notre cerveau dont le rôle est de filtrer ces informations en fonction de ce qui est important pour nous, traite soixante mille pensées par jour!
Même les algorithmes de Google les plus puissants sont très loin de rivaliser avec cette puissance de calcul.
Ce SRA nous amène un confort incroyable dans la vie de tous les jours puisqu’il nous permet d’éviter de penser à chaque action que nous devrions faire pour ouvrir une porte, pour conduire notre voiture etc…C’est une véritable économie d’énergie que nous offre ce SRA. Le cerveau acquiert des habitudes pour nous maintenir dans quelque chose de connu où nous pouvons avoir confiance. En revanche, cela nous amène à être en auto-pilotage de nos actions à 95% ce qui peut être très utile parfois pour certaines tâches mais totalement improductif pour d’autres. De plus, le SRA fonctionne comme un ordinateur, il n’a pas de conscience. Donc il ne va pas considérer si les données que tu as mises sont intelligentes, sympathiques ou te permettent de passer au niveau supérieur. La seule dimension qu’il intègre c’est la dimension de l’importance.
Mais qu’est ce qui est important pour mon cerveau et pour mon SRA ?
- Ce qui me fait plaisir et qui va être une source de satisfaction énorme, là on touche les zones du plaisir dans le cerveau
- Mes peurs de la plus petite à la plus grosse des angoisses
Si j’ai des peurs, il y a de grandes chances pour que je porte mon attention sur tout ce qui va pouvoir renforcer ma peur. C’est à dire que dans les cinq millions d’informations que je vais filtrer tous les jours, je vais focaliser sur ce qui est important. Et si ce qui est important pour moi ce sont mes angoisses, mon SRA va filtrer TOUTES les informations qui correspondent à ma peur, mes inquiétudes ce qui fait que j’augmente cette peur, j’augmente ces angoisses.
Crainte -> peur-> grande peur -> anxiété -> angoisse -> crise d’angoisse
Marc-Aurèle, le dernier des « cinq bons empereurs », a été empereur romain de 161 à 180. Il a peut-être été le premier psychologue du sport, ou aurait peut-être dû l’être.
Il a observé :
« Vous avez le pouvoir sur votre esprit – pas sur les événements extérieurs. Réalisez cela et vous trouverez la force ».
Développer la connaissance de soi ainsi que ses habiletés mentales (motivation, confiance en soi/estime de soi, concentration, gestion des émotions, activation) permettent de contrôler ses pensées et images. Ainsi nous avons la capacité à nous détendre, nous concentrer sous pression, nous concentrer sur notre routine et ne pas nous soucier des choses et des événements extérieurs (ce que marc Aurèle nous enseignait déjà en 161)
Tu ne peux pas performer sans connaître et appliquer cela…
Le mode automatique
Le mode automatique est géré par le subconscient, la partie invisible de l’être humain qui se compose de nos pensées et émotions.
Aux États Unis, ils appellent ce modèle PEAR ( Pensée -Emotion – Action – Résultat)
Les événements-situations (1) ne créent pas tes émotions-sentiments (3). Mais c’est bien ce que tu penses (2) des événements extérieurs qui crée tes émotions/sentiments (3).
Tes émotions/sentiments (3) entraînent à leur tour tes réactions-comportement (4) et bien évidemment tes résultats-performances (5) – Et cela vaut pour tous les domaines de ta vie. Éviter de penser à certaines choses anxiogènes et orienter sa pensée sur des choses plus utiles (2) entraînera obligatoirement de nouvelles émotions (3) plus adaptées à la performance et aux objectifs que tu souhaites atteindre.
Si tu attribues ce que tu ressens (3) aux événements qui t’arrivent (1) alors tu es simplement victime des conditions de vie sur le terrain et en dehors. C’est comme si tu t’auto-sabotais en n’assumant pas la responsabilité de la façon dont tu penses (2) par rapport aux événements que tu vis (1).
Peut être que je t’ai perdu alors je vais illustrer tout cela par deux exemples concrets.
Exemple 1
Tu rates ton put en golf, un coup droit au tennis, un pénalty en foot : c’est l’évènement (1). Tu te mets à penser (2) : « ok, j’ai raté ce coup, comment je peux m’améliorer sur le coup d’après, sur l’action d’après ? »
Ensuite, niveau émotionnel (3), tu vas sentir que ta confiance est stable, que tu restes positif Puis, cela va engendrer une réaction (4) à l’évènement beaucoup plus constructive qui te permet d’avoir une approche plus efficace dans la résolution de problèmes pour atteindre ton objectif.
Résultat(5), tu restes totalement performant dans ton match car tu ne remets pas tout en question, tu n’es pas dans le jugement et reste focus sur la recherche de solutions.
Exemple 2
À l’inverse, imagine le scénario suivant :
En 1, reprenons la même situation, tu as raté ton coup
En 2, tu te dis : « Pourquoi prendre la peine de continuer, je ne sens pas mes coups aujourd’hui, je rate tout ce que j’entreprends, je suis dans un mauvais jour, je suis nul »
En 3, tu te sens déprimé, abattu, déçu et tu stresses concernant la suite de ton match, parcours, compétition…
En 4, tu baisses les bras et enchaînes les erreurs, tu te concentres sur tes fautes
En 5, ton niveau de jeu à littéralement baisser car tu es totalement dans le jugement et tu t’éloignes de l’objectif que tu t’étais fixé.
Si tu continues de te dire que tu vas échouer, que tu vas te faire éliminer, que tu vas perdre que tu n’es pas capable de ….tu ne restes pas dans le déroulement de ton épreuve, tu ne joues pas dans ta zone de performance.
Attention aux jugements et interprétations !
Nos plus grandes œuvres se font quand nous ne pensons plus et quand nous ne calculons plus. Ce sont les jugements envers nous-même, envers l’adversaire, les conditions qui entraînent les pensées, les questionnements, les interrogations parce que la pensée est le résultat d’un processus de jugement.
Timothy gallwey « le jeu intérieur au tennis »
Lorsque je demande aux athlètes que j’accompagne : « À quoi penses-tu lorsque tu joues à ton meilleur niveau? »
La réponse est toujours la même : « Je ne pense à rien, je suis présent dans l’ ici et maintenant. Je n’y pensais même pas, c’était calme, serein, j’avais l’impression d’oublier qui j’étais, tout ce que je pensais » (accession au flow possible que si on arrête de se juger)
Souvent lorsque je fais trois erreurs identiques à la suite, un processus de généralisation se met en place et on finit par s’identifier à ses erreurs :
Exemple de processus de généralisation au basketball :
1. Je viens de faire un shoot pourri
2. Mes shoot sont pourris
3. Je suis nul
J’entends déjà les perfectionnistes d’ici me dire :
« ok c’est bien joli ton truc mais si je rate tous mes shoots ou que j’échoue tout ce que j’entreprends, comment je fais pour ne pas juger »???
ATTENTION : ne pas juger ne signifie pas pour autant ignorer les erreurs.
Cela veut simplement dire voir les événements tels qu’ils sont sans y ajouter un bavardage mental par-dessus.
Observer que tu as raté 50% de tes lancers-franc est totalement différent que de se dire « Mes shoot sont vraiment pourris aujourd’hui »
Tu saisis la nuance? Et crois moi, ce détail fait toute la différence pour ton cerveau car il prend en compte TOUT ce que tu lui dis d’autant plus si l’émotion prend le dessus.
Le jugement crée ce processus de généralisation auquel on finit par s’identifier, on s’identifie à ses erreurs or NOUS NE SOMMES PAS NOS ERREURS, nous faisons des erreurs mais nous ne sommes pas nos erreurs.
Comment faire pour ne pas se juger ?
Et bien apprends à voir les choses telles qu’elles sont, apprends à observer et tu verras que progressivement tu ne seras plus dans le jugement.
Tu ne prendras que les infos, les données, les faits objectifs qui t’intéressent pour les modifier par la suite.
Au lieu de « mon pénalty est nul »
Mon pénalty a terminé sur le poteau
Tu trouves ça débile, peut être …mais là n’est pas la question. L’idée est que ce soit UTILE et que ça te permette par la suite de jouer à ton meilleur niveau et de prendre un maximum de plaisir.
Victime ou acteur de ta vie ?
Tu as le choix de ne pas assumer tes pensées face à un évènement et de continuer à te plaindre de ne pas atteindre tes objectifs
OU
Tu enclenches un changement dans ta façon de pensée qui sera beaucoup plus utile à ta performance
Comment faire pour modifier ma façon de pensée?
L’intérêt est d’être très au clair avec les informations que tu sélectionnes, en d’autres termes qu’est ce qui est important pour toi. Car nous renforçons ce sur quoi nous nous centrons et le système qui permet de le faire est le SRA dont nous avons parlé dans cet article.
Mettre en place une démarche consciente et intelligente est essentielle. Elle consiste à déterminer qu’est ce qui est important pour toi.
Puis si tu as des peurs, fais le travail suivant :
1. Note ta peur puis en face note ton intention, ce que tu veux à la place
Ex : j’ai peur d’être ridicule / J’ai l’intention d’avoir confiance en moi en toute circonstance
2. Associe le bien-être à ce que tu souhaites atteindre (avantages à changer)
3. Visualise ton objectif ton objectif comme si c’était déjà fait et associe les moments de bien-être déterminés ci-dessus avec les émotions associées
Imagine toi être confiant avec tous les détails, du plaisir, de la joie comme si tu l’étais déjà
4. Souris pour envoyer de la dopamine à ton cerveau qui va penser que tu es heureux. Se mettre dan la joie et l’enthousiasme de la réalisation de mon objectif. (subconscient va associer des émotions positives à l’atteinte de ton objectif)
5. Répétitions mentales : répète cela chaque jour pendant un certains moment afin d’automatiser ce schéma cognitivo-comportemental et que cela devienne la norme pour toi de penser et d’agir de cette façon.
C’est comme cela que tu programmes ton SRA. Il n’y a rien de plus puissant que la répétition, c’est la mère de l’aptitude.
Ceci va permettre de donner une information très claire à ton SRA, ce que tu veux, ce qui est important pour toi.
Le subconscient est relié à 95% au corps alors que notre conscient (le mental) est seulement connecté à 5% donc avec la volonté, on dirige seulement 5% et avec le corps 95%.
Le corps ne pourra pas s’engager dans l’action si tu ne l’y autorises pas (croyance-pensée : « je ne suis pas la hauteur, je ne vais pas y arriver ») ou si tu t’identifies à tes erreurs en permanence.
D’où l’importance de réorganiser son filtre et ainsi de rééduquer notre corps à de nouveaux comportements.
Ce type d’entraînement mental est essentiel. Si tu veux performer, il est impératif d’éduquer ton cerveau à la performance. Car je te le rappelle, notre cerveau n’est pas programmé ni pour nous rendre heureux, ni pour nous faire performer mais pour nous maintenir en vie.
L’entraînement mental à travers le focus sur les choses importantes pour toi est donc un pilier essentiel à la performance et il est important de le pratiquer au quotidien pour automatiser une habitude plus productive qui t’aide à atteindre tes objectifs.
Détache-toi progressivement de tout jugement, des notions de bien et mal, de victoire de défaite et passe plus de temps à travailler sur toi car tu l’auras compris, nous avons un énorme pouvoir : celui d’influencer drastiquement nos émotions, nos comportements et par conséquent nos résultats grâce aux informations que nous filtrons avec notre SRA.