COMPÉTITEUR, HAUT NIVEAU
Le sport est un monde à part entière, le temps y est réduit et instantané. Nous sommes dans un univers de performance et bien évidemment d’actions permanentes. Aller toujours chercher plus haut, plus vite et plus fort [la devise olympique, ndlr] est une philosophie qui est largement ancrée.
Ainsi, pour performer, l’athlète est sans cesse en quête de renouveau. Il multiplie ses forces et compétences. Sa persévérance en fait grandement partie avec une endurance au travail exceptionnelle lui permettant de progresser en permanence dans le but de performer et de déployer son talent face à ses adversaires. Il est doté également d’une force de résilience, d’une aptitude à l’acceptation de l’échec, d’une capacité phénoménale d’apprentissage ainsi que d’une lucidité quant à ses limites et potentialités. L’apprentissage fait partie également de ces situations pouvant être anxiogènes et inconfortables car lorsqu’on apprend quelque chose, il y a toujours un moment où on ne sait pas faire. Les plus grands athlètes savent que c’est une situation compliquée mais qu’ils acceptent car ils savent qu’ils vont la surmonter.
Aussi, un bon compétiteur, sait qu’il peut perdre et est “ok” avec cela. L’esprit de compétition est un moteur pour dépasser ses objectifs, repousser ses limites et cultiver sa boucle d’apprentissage permettant de se développer et de se confronter avant tout à soi même, à ses craintes, ses doutes et ses limites.
Comme dans tout processus, cela demande un peu de recul et de développer la connaissance de soi afin de définir ses leviers de motivations, ses croyances limitantes, le rapport qu’il entretient avec sa confiance, ses émotions…
Ainsi, un esprit de compétition « sain » demande aussi un peu de travail sur son ego : il faut non seulement adopter une certaine abnégation face à l’échec mais aussi savoir se remettre en question. Le risque étant sinon l’épuisement et la perte de motivation.
Nous sommes dans une logique d’élite et cette logique demande bien évidemment une intelligence très développée. Ainsi l’athlète acquiert au fil du temps différentes formes d’intelligences indispensables dans le haut niveau à savoir l’intelligence d’adaptation et l’intelligence émotionnelle. L’intelligence d’adaptation est l’adaptation à un environnement au sens large du terme, qui requiert des qualités d’observation, d’analyse et de mémorisation. L’athlète doit en permanence s’adapter que ce soit à l’entraînement, en compétition, ou bien dans sa vie personnelle.
Le sportif de haut niveau est également soumis à de très gros bouleversements émotionnels lors d’une compétition mais aussi tout au long de sa carrière. Nous vivons tous des émotions dans notre vie mais le sportif, lui, est en permanence entrain de composer avec ses émotions qui accompagnent sa vie au quotidien. Les émotions sont prépondérantes et quotidiennes chez un athlète. C’est pourquoi, il développe au fil du temps une intelligence émotionnelle remarquable afin de faire face à de multiples situations pouvant être anxiogènes.
L’INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE : UNE CLÉ ESSENTIELLE DANS LA PERFORMANCE
Mais en quoi consiste véritablement cette intelligence émotionnelle ? De quoi s’agit-il ?
Les émotions comme la peur mais aussi, la colère, la frustration, la tristesse, la joie, la honte, ou le dégout s’entremêlent pendant toute la durée de la compétition et sont accompagnées de tous les effets bénéfiques ou non qu’elles induisent sur l’athlète et son comportement.
L’intelligence émotionnelle consiste alors à apprendre à identifier ses émotions, les exprimer, les comprendre, les réguler pour mieux les maîtriser jusqu’à en faire de véritables alliées. L’athlète qui s’efforce d’occulter, et de refouler son émotion se referme sur lui-même. Il n’est plus dans l’instant présent : il rumine le point perdu ou anticipe la fin du match ou du combat avec des pensées et un discours anxiogènes. Et c’est un état qui ne lui permet pas d’être performant car il réside dans « l’espace problème » . C’est un cercle vicieux. Le problème n’est pas l’émotion en soit mais la manière dont l’esprit y réagit. Une émotion forte de frustration peut très rapidement se manifester avec la difficulté peut être de mettre en place la stratégie définie en amont. Il est alors impératif de devoir identifier son émotion, de l’exprimer pour revenir « à la normale » le plus rapidement possible, et se poser des questions aidantes tournées « solutions » afin de se mettre dans un état serein, confiant et calme, états plus adaptés à la performance.
Toutefois, la croyance, dans l’univers compétitif et de haut niveau, de ne pas montrer ses émotions est encore très ancrée. En effet, j’accompagne chaque jour des sportifs qui me disent : « je ne dois rien montrer » ; « je dois être fort », « si je montre quoi que ce soit c’est une forme de faiblesse et ça va me pénaliser, je vais donner confiance à mon adversaire »
Pour autant, est-ce vraiment une faiblesse que de se montrer vulnérable ? Suis-je faible si je montre mes émotions ? C’est ce que la culture de la performance tend à nous rappeler chaque jour….
Pas plus tard qu’hier je lisais un article où était écrit : « Le compétiteur doit s’imposer une autodiscipline rigoureuse. En particulier s´empêcher d´extérioriser ses sentiments. »!!!!
L’autodiscipline et le contrôle de soi sont des choses bien évidemment indispensables mais le fait de tout vouloir tout contrôler mène à l’épuisement et à la contre-performance. Le self contrôle est un muscle qu’il faut sans cesse entraîner pour rester maître de ses émotions et ne pas se laisser manipuler par elles mais cela est extrêmement énergivore.
Parfois, on a l’impression qu’il faut être un vrai bouddha dans une compétition pour performer mais les émotions ne sont pas là pour être enfouies au plus profond de soi mais bien au contraire elles ont besoin d’être extériorisées. Nous sommes des êtres émotionnels et le mot émotion vient du latin emovere : movere qui se traduit par « en mouvement » puis précédé de « e » qui signifie « hors de, vers l’extérieur ». Une émotion c’est donc ce qui nous met en mouvement, nous secoue et nous fait bouger. Une émotion est un état affectif bref et intense. C’est une réponse psychophysiologique, c’est-à-dire qu’elle fait appel tant à notre corps (sensations physiques) qu’à notre esprit (mental), à une stimulation sensorielle ou une modification de l’environnement. Sans elles, il ne se passerait rien …
Bien évidemment, le sportif de haut niveau travaille sur ses émotions chaque jour pour parvenir à les stabiliser et automatiser un comportement qui soit adapté à la performance. Le fait de « péter les plombs » ou de se mettre en colère après un point raté n’est pas quelque chose qui va empêcher le sportif de performer mais c’est plutôt son incapacité à se remobiliser pour le prochain point et d’entretenir mentalement, par un discours interne négatif, cette émotion. En effet, l’expérience montre que, même si la peur reprend par vagues successives et submerge à différentes étapes de la compétition, elle finit par passer. L’émotion se différencie du sentiment par sa durée. En effet, l’émotion n’est présente en nous qu’une dizaine de secondes tandis que le sentiment est une émotion entretenue par notre mental qui perdure et nous accompagne tout le long de la compétition parfois même au-delà…
FAIBLESSE VS VULNÉRABILITÉ
La faiblesse serait alors de montrer ses émotions ? Non, bien évidemment. La faiblesse, c’est l’incapacité de surmonter une situation, de se laisser aller, de baisser les bras, de ne pas se sentir à la hauteur, de s’auto-flageller. Et c’est très rarement le cas chez les athlètes de haut niveau. On pourrait parler alors d’un moment de vulnérabilité. En effet, il serait plus juste de définir dans le sport le fait d’exprimer ses émotions comme un acte de vulnérabilité à un instant T. Les failles font parties de la nature humaine. Les accepter et les montrer constituent le véritable acte de courage et surtout la façon de les gérer par la suite. C’est là qu’on voit les vrais champions. N’importe quel athlète s’est déjà laissé aller à évacuer la frustration en criant, se tapant la cuisse, ou jetant une raquette mais sont-ils pour autant totalement sortis de leur match, leur course, leur combat ou leur série ? Absolument pas. Ils ont non seulement libéré cette émotion encombrante et néfaste de leur corps et esprit et peuvent à présent se remobiliser totalement pour la suite. Pour moi, la vulnérabilité est comme l’incertitude, la prise de risque, l’ouverture émotionnelle. Le sportif, encore plus que quiconque, est exposé chaque jour à des évolutions, des changements, de la nouveauté, de l’inconfort, il prend des risques et est fréquemment dans l’incertitude ce qui l’amène à se retrouver très souvent dans un état de vulnérabilité.
Mais aucune formule ne dit que prendre des risques, braver l’incertitude et s’ouvrir aux émotions sont des preuves de faiblesse.
Durant mes coaching, j’ai pu interroger différents sportifs sur le fait de se sentir faible, puis je leur demandais “c’est quoi alors pour toi de te sentir vulnérable ? » Les réponses ont été très claires sans aucune hésitation :
Être faible c’est :
– ne pas se battre jusqu’où bout,
– c’est abandonner,
– baisser les bras,
– se sentir inférieur
– se positionner en victime
– se chercher des excuses
Être vulnérable c’est :
– accepter de ne pas tout contrôler
– arrêter de jouer un rôle et espérer que mon « vrai moi » soit à la hauteur de mes objectifs
– ne plus prendre sur moi, et extérioriser mes émotions
– là où la peur et le courage se rejoignent.
– le fait d’être dans l’incertitude, terrifiée à l’idée d’avancer, mais aussi de ne plus progresser et de se retrouver face à ses limites.
LE POUVOIR DE LA VULNÉRABILITÉ
La chercheuse Brene Brown a travaillé pendant de longues années sur la différence entre des personnes ayant une forte estime de soi, un fort sentiment d’amour et d’appartenance et ceux, à l’inverse, qui ne se donnaient pas de valeur et qui se demandaient sans cesse s’ils étaient assez bien. Et la réponse a été assez simple. Les gens qui avait une haute valeur d’eux-même pensaient simplement qu’ILS MÉRITAIENT l’amour et l’appartenance. Et ils avaient 4 dénominateurs communs :
- Courage (cor en latin : cœur ) d’être imparfait. Ils racontent qui ils sont de tout leur cœur
- Compassion nécessaire pour être gentil tout d’abord avec soi-même puis avec les autres
- Être en relation avec les autres : ils sont disposés à abandonner l’idée qu’ils se font de ce qu’ils auraient du être, de façon à être qui ils sont. C’est un impératif absolu pour entrer en relation avec les autres : être authentique
- Vulnérabilité : ils pensent que ce qui les rend vulnérables les rend beaux . Ils ne prétendent pas que la vulnérabilité est confortable ni atroce ils disent juste qu’elle est nécessaire . Ils parlent de la volonté de faire quelque chose quand il n’y a aucune garantie de réussite, ils sont prêt à s’investir dans une relation qui pourrait marcher ou pas
LA MEILLEURE FAÇON DE VIVRE EST D’ACCEPTER SA VULNÉRABILITÉ ET D’ARRÊTER DE CONTRÔLER ET DE PRÉVOIR.
La vulnérabilité est au cœur de la honte, de la peur ainsi que de notre problème d’estime de soi mais il semble aussi que ce soit la source de la joie de la créativité du sentiment d’appartenance de l’amour.
Nous vivons dans un monde vulnérable où nous devons subir des choses et notre façon d’y remédier est d’anesthesier la vulnérabilité. Le problème est que nous ne pouvons pas anesthésier nos émotions de façon sélective. Accepter les plus agréables et rejeter les plus douloureuses car cela amène à l’anesthésie de toute émotion et donc au sentiment de tristesse et perte de sens.
En somme, être vulnérable c’est être humain avant tout, c’est ressentir des choses plus ou moins agréables et parvenir à composer avec tout cela. La vulnérabilité fait d’un athlète un être humain à part entière et c’est malheureusement le culte de la performance et les fausses croyances l’accompagnant qui, peu à peu, a insufflé ces associations de type : « montrer ses émotions = faiblesse ». Tout ceci embarquant jour après jour l’athlète a tout gardé pour lui, à se montrer fort et à jouer un rôle qu’il est difficile d’endosser 24h/24 7j/7. L’athlète n’est pas une machine mais un être humain à part entière et les spectateurs lorsqu’ils regardent du sport sont là avant tout pour ressentir des choses, vibrer, exprimer leur joie, leurs doutes, leur colère ou frustration. Ils sont en communion avec l’athlète. Imaginez-vous des athlètes robotisés qui n’expriment rien sur leur visage, qui soient totalement détachés de ce qu’ils sont en train de vivre ? Les athlètes nonchalants sont-ils les plus appréciés ? Bien sûr que non ! Le sport a cette magie de communiquer des tas d’émotions et d’avoir le pouvoir de les partager. Arrêtons d’entretenir cette image du sportif de haut niveau comme étant un surhomme, voire une machine. Redonnons-lui l’identité qui lui appartient à savoir un être humain avant tout et continuons de vibrer avec lui grâce aux performances toujours plus incroyables qu’il nous propose.
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